La toxicité des fumées
Depuis une trentaine d'années seulement, on connaît la part importante dévolue à
la toxicité des fumées d'incendies : tous les relevés statistiques américains,
anglais, japonais et français indiquent que l'intoxication par les fumées est la
première cause de décès lors des incendies.
Comment ne pas évoquer ici les victimes des
multiples incendies des grands magasins parisiens survenus au cours du 19ème
et au début du 20ème siècle.
Plus de 200 gaz toxiques ont été répertoriés lors des incendies d'habitation!
Bien que les plastiques soient les plus dangereux, laine et bois sont aussi
toxiques à cause de leur masse : la laine produit 200 ppm de cyanure par gramme.
La fumée est l'ensemble des produits
gazeux et des particules qui se dégagent d'un corps en combustion ou porté à
haute température. L'intoxication par les fumées est une triple
agression à la fois thermique,
physique et chimique. Cette triple agression est d'autant plus
délétère qu'il existe automatiquement un manque d'oxygène. En effet, la
déplétion en 0² est secondaire à l'oxydation vive qu'est le feu ; le taux
d'oxygène baisse dans les proportions d'autant plus importantes que la surface
d'incendie est grande, que l'incendie se développe en atmosphère non ou
difficilement renouvelable ; c'est ainsi que le feu en appartement , dans une
pièce, dans une cave ou dans un local fermé contribue le plus à la diminution la
plus rapide du taux d'oxygène de 21% à moins de 6%, concentration à partir de
laquelle la mort est inévitable ; à partir de 21%, l'inconscience est de règle.
AGRESSION THERMIQUE :
Lors des incendies, l'agression thermique est responsable de
lésions par brûlures qui s'étendent à tout l'arbre aérien. Ceci est dû à
l'inhalation de vapeurs d'air chaud.
AGRESSION PARTICULIERE :
Les fumées d'incendie véhiculent des particules incandescentes
appelées suies, formant un véritable aérosol de particules solides ; ces
particules sont inhalées par l'appareil respiratoire et engendrent non seulement
une obstruction de l'arbre pulmonaire, un renforcement de l'agression thermique,
mais également un effet toxique du fait de leur caractère caustique (qui attaque
les tissus organiques).
AGRESSION CHIMIQUE :
Les fumées d'incendie véhiculent une multitude de gaz toxiques à
l'origine d'une intoxication générale.
Le monoxyde
de Carbone (CO).
Historiquement, il est le premier reconnu, la
production de CO est constante dans tous les incendies, c'est un produit
obligatoire de toutes les combustions incomplètes.
Sa toxicité est bien connue : il empêche la
fixation de l'O² sur l'hémoglobine qui est le transporteur de l'oxygène aux
cellules. De plus, le CO se fixe sur la myoglobine contenue dans les
muscles, ce qui explique son rôle incapacitant.
La diminution de la fixation
de l'oxygène sur l'hémoglobine est de l'ordre de 50% s'il y a 0,84% de CO dans
l'air. Le monoxyde de Carbone est considéré comme
responsable du tiers des décès
par inhalation des fumées. Il a été démontré une relation étroite entre le
taux de carboxyhémoglobine et le degré d'intoxication totale, ce qui en fait un
indicateur précieux.
Composé voisin du monoxyde de Carbone, le
DIOXYDE DE CARBONE également
retrouvé dans les fumées d'incendie. Outre sa toxicité propre (narcose),
il entraîne une augmentation du rythme respiratoire, facilitant ainsi la
pénétration pulmonaire d'autres toxiques.
L'acide
cyanhydrique.
Ce gaz hautement toxique est de connaissance
plus récente et de nombreux décès précoces peuvent lui être attribués.
Toutefois, l'intoxication est réversible si le traitement est entrepris assez
rapidement, d'où l'intérêt de disposer de l'antidote (Cyanokit) sur les lieux
d'intervention. L'origine de sa production est la combustion des matériaux
plastiques : Polyamide, Polyuréthane, Polyacrilonitrile, Copolymère
(Acrylonitrile Butadiène Styrène).
Ce gaz asphyxiant agit par blocage
de l'utilisation de l'oxygène au niveau cellulaire bloquant ainsi la
respiration cellulaire : les tissus cellulaires sont incapables d'utiliser
l'oxygène, même quand il est apporté en quantité normale.
Les autres
gaz.
Il s'agit d'une liste non exhaustive.
L'étude particulière de chacun de ces gaz n'a aucun intérêt pratique dans la
prise en charge pré hospitalière. Certains de ces gaz ont une action
toxique sur les muqueuses pulmonaires et oculaires en particulier sont
responsables de lésions de fibrose pulmonaire et d'atteinte irritative oculaire.
D'autres ont une toxicité générale sans toxicité pulmonaire.
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