Le
malaise hypoglycémique
(par le docteur H. MOUROU)
Au cours des bilans passé par les chefs
d'agrès, les mots "malaise hypoglycémique" sont souvent entendus. Or, la
plupart de ces malaises ne sont pas des hypoglycémiques. Chez le
diabétique, le mécanisme qui conduit à l'hypoglycémie est parfois mal compris.
C'est pourquoi une mise au point s'impose, afin de différencier le mythe de la
réalité.
Cas n°1.
Il est 11 heures,
le Premier Secours Relevage (PSR) est envoyé pour une personne malade sur la
voie publique. Une jeune femme de 25 ans, sans antécédent médical ni
traitement, a présenté un malaise. Elle a ressenti un brouillard visuel,
ses jambes ne la portaient plus et elle est tombée. Le bilan décrit une
femme consciente, bien orientée, mais avec une sensation de faiblesse. Le
pouls est régulier à 60 battements par minute et la ventilation à 16 mouvements
par minute. Elle ne présente aucun traumatisme secondaire à sa chute.
Elle n'a pas mangé le matin.
Cas n°2.
Il est 11 heures,
le Premier Secours Relevage (¨SR) est envoyé pour une personne malade, à
domicile. Un homme de 35 ans est retrouvé allongé par terre. Il est
désorienté, agité et tient des propos incohérents. On apprend par
l'entourage qu'il est diabétique, traité par insuline matin et soir, sans autre
antécédent médical ni traitement. Il n'a pas pris de petit déjeuner mais
l'administration d'insuline a bien été faite. Son pouls est régulier à 90
battements par minute et sa ventilation à 18 mvt/min. L'état de conscience
permettant l'administration de boissons, il est resucré. Les signes
disparaissent et l'hypothèse d'un malaise hypoglycémique est envisagé.
Dans les deux observations, la même hypothèse
diagnostique a été portée : malaise hypoglycémique. Or, si dans ces deux
cas, il y a bien eu "malaise", l'hypoglycémie ne peut être reconnue dans le cas
n°2.
LE METABOLISME DU SUCRE.
Les sucres sont apportés par l'alimentation.
Une partie est transformée en glucose pour être directement utilisée par les
cellules. L'excédent est stocké. Cette phase est sous la dépendance
d'une seule hormone : l'insuline.
En cas de besoin, l'organisme peut puiser
dans ses réserves et déstocker le sucre dont il a besoin. Cette phase est
sous la dépendance de différentes hormones, comme le glucagon et l'adrénaline.
Ainsi, s'il existe plusieurs hormones qui
augmentent le taux de glucose dans le sang, une seule le diminue : l'insuline.
La glycémie est la concentration en glucose
dans le sang.
Le taux normal à jeun est compris entre 0,7
et 1,1 g/l
On parle d'hypoglycémie au dessous de 0,5g/l
LES SIGNES
D'HYPOGLYCEMIE.
Le glucose est la principale source d'énergie
du cerveau.
Ainsi, l'hypoglycémie, comme le manque
d'oxygène, va induire des perturbations cérébrales importantes, et même conduire
à des séquelles si cet état se prolonge.
L'hypoglycémie donne donc essentiellement des
signes neurologiques ou psychiatriques, mais très variés et non spécifiques :
Vertiges et troubles
visuels
Difficulté
d'élocution, ralentissement intellectuel
Troubles du
comportement allant de la somnolence à l'agitation
Convulsions et coma
Il s'y ajoute des signes dus à la sécrétion
des hormones hyperglycéminates en réaction à l'hypoglycémie :
Sueurs, tremblements,
tachycardie
LES CAUSES
D'HYPOGLYCEMIE.
L'absence prolongée d'apport, le défaut de
stockage, les déficits en hormones hyperglycéminates ou les excès de sécrétion
d'insuline sont exceptionnels.
En revanche, chez le patient diabétique,
c'est-à-dire qui a trop de sucre dans le sang et qui est obligé de prendre un
traitement pour ramener ce taux à la normale, l'hypoglycémie est fréquente
LES CIRCONSTANCES DE
SURVENUE.
Deux cas sont possibles :
-Le patient
présente un diabète insulino-dépendant (DID) ;
Son pancréas ne
sécrète plus d'insuline. Le traitement consiste donc en l'injection
d'insuline, afin de réduire le taux de glucose sanguin.
Les doses sont
adaptées en fonction de la glycémie déterminée par auto-surveillance (Dextro)
Un diabète dur deux
va faire une hypoglycémie modérée par mois et 30% une hypoglycémie sévère par an
nécessitant l'intervention d'une tierce personne.
L'hypoglycémie va
survenir dans 3 cas :
Injection d'une dose trop élevée d'insuline.
Apport alimentaire insuffisant ou retardé.
Exercice physique sans diminution de la dose
d'insuline ou sans apport sucré complémentaire.
-Le patient
présente un diabète non insulino-dépendant (DNID) ;
Son pancréas sécrète insuffisamment
d'insuline. Il va prendre un traitement sous forme de comprimés, afin de
stimuler cette sécrétion (Daonil, Diamicron, etc.).
L'hypoglycémie, moins fréquente chez le DID,
peut survenir dans trois cas ;
Absence de prise
alimentaire.
Traitement associé.
Prise d'alcool.
LE TRAITEMENT DE
L'HYPOGLYCEMIE.
C'est le resucrage et il est urgent. Il
se fera par voie orale si l'état de conscience le permet, avec de l'eau sucrée,
jusqu'au retour à un état de vigilance normal. Puis, avec des sucres lents
: pain, banane, viennoiseries, etc.
Dans les autres cas, la demande d'un moyen
médicalisé pour le resucrage par voie intra-veineuse est nécessaire. La
réticence à resucrer un diabétique présentant un trouble de la conscience , sous
prétexte qu'il est peut-être en hyperglycémie, est infondée.
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